DEBOUT AU MILIEU DES RUINES
DEBOUT AU MILIEU DES RUINES
© PATINET THIERRI ERIC
Des cils la vertu domaniale
Des Cils la vertu domaniale l’orbe du rayonnement qui pleut son ambre et sa félicité, que reste-t-il dans cet antre que la pluie délivre et incante de force et de jouvence, que reste-t-il, et ces yeux qui parlent le zéphyr des plaines ardentes, ces yeux qui clament l’espoir d’un renouveau sous la bouche amère d’un désir avorté aux plaintes du temps et aux masques étranges qui parodient l’éternité dans des vagues sombres dont les marches de sang se cristallisent…
Il y avait un Règne, certes, il y avait au-delà des méandres de l’incompréhension, des rires et des joies nouvelles, des signes et des forces novatrices libérant la terre de ces assauts qui figent et dénaturent, il y avait, mais cela s’est passé il y a si longtemps, que reste-t-il du miroir du songe, que reste-t-il sinon ce miroir brisé où chaque Être se mesure et se désincarne afin que de ne plus que paraître, immobile dans l’affliction, immobile et statuaire dans la divination étrange de ce monde égaré.
Et l’Être au milieu, l’Être sans regard, l’Être sans faste ni lendemain, couronné par l’inutilité, englué dans la matérialité la plus stupide, l’Être sans raison ni raison s’oblige à l’incarnation de la viduité, il plonge son souffle dans la méprise du temps qui passe, s’agenouille et ne prie, s’agenouille et attend dans la déshérence le propos de vivre qui devrait lui tenir lieu, le propos de vivre qui ne répond plus et semble-t-il plus jamais ne reviendra, éperdu aux mystères de la désincarnation.
Ô vague d’opale et de joie brisées, vague tutélaire qui voit ce monde dans la pure détermination de l’aridité, vague déferlant la terre ancestrale, souillant chaque fait d’armes, détruisant chaque germe de la beauté, dilapidant chaque état de la Vie, vague de détresse immolant toutes routes sinon celles des ténèbres qui se convoitent, s’improvisent et toujours se lient et se délient afin de se signifier dans la pure dénaturation, vague quand donc cessera ta nidation?
Tandis que la vertu se témoigne pourtant en provenance des officiants qui vont marbre le chemin de sa venue, une flamboyance étrange dans leurs regards adulés de mystérieuses perceptions, voyant l’Être ne se noyer en sa promiscuité, le Verbe toujours se tenant debout, la nuit ne suffisant, dans son accoutrement de chienne en chasse, pour dilapider son aire, l’œuvre, en errance, ne se ployant sous le joug, l’œuvre toujours debout, et le Verbe et l’Œuvre par le Verbe jamais ne cessant d’animer le Renouveau.
Car L’Être n’est en cette vague, sa naissance est d’un autre lieu par-delà le temps dont les moisissures ne l’atteignent, n’en doutez, dispersés, n’en doutez mais mesurez, le Verbe témoigne et sera votre sort dans l’affliction des songes, le temps venu, le temps supérieur qui verra se taire à jamais les fauves litanies de la peur et de la terreur qui germent dans les cœurs, qui poussent dans les jardins de la beauté, qui détruisent et annihilent le souffle souverain du Vivant !
Destituent sa flamme et idolâtrent sa déperdition, ainsi tel que je vous le dis, alors que debout au milieu des ruines se tient l’Aigle Impérial qui ne cesse de scruter son aire désertée, qui ne cesse de comprendre la folie, qui ne cesse de signifier l’infertilité, qui ne cesse majestueux d’éployer ses ailes par le firmament, vous ne le voyez, vous ne le pouvez, car au-delà de vous, au-delà de vos mobiles, il attend l’heure de son œuvre et le parchemin de son envol de gloire !
Isis en son fruit d’Or, cil de la vertu messagère de l’ambre et de son parfum qui viennent, au-delà des marasmes et des turpitudes de la pensée travestie qui se bride et s’enlise dans des marasmes dont les œuvres perdurent l’insanité et la détresse du plaisir morbide qui vous tient lieu, Isis en sa promesse, déployant ses oriflammes par toutes routes ouvragées au-delà des sens et de leurs passions délétères, le cœur du firmament pour support et l’Éternité pour signification.
Ainsi de l’Être, ainsi de l’Aigle, et dans la signification profonde du Renouveau qui se lève et ne se drape, dans la signification résurgente des Âmes qui parlent le devenir de la Terre et de ses Chants, l’Être, debout au milieu des ruines, se tient pour affronter ce détail que la mémoire du temps ne conservera, la tyrannie de l’abstraction et sa déification couronnée par le chant de la matérialité bestiale qui l’entretient et la culmine, dans un flamboiement, semble-t-il, inextinguible…
Table
DEBOUT AU MILIEU DES RUINES
Des cils la vertu domaniale
L’Empire du Chant qui demeure
Où la vertu flamboie
Que l’Œuvre situe
Au-delà des rives
Dans le chant dissolu
Et les pluies automnales
Des limbes périssables
L’aurore des sillons
Des purulences natives
Vogue la nef de la décomposition
Dans l’ardeur des règnes
Du désir et de la soif
Que les plaintes enseignent
Par les miroirs tronqués
Du rite éphémère
De l’Or qui espère
Dans la jouissance exploitée
Où les nefs austères s’éblouissent
Des liquides fangeux
Des atavismes de la dérision
Que l’orbe assigne dans la vertu
Des hymnes de la Terre
La gravure du silence
Debout au milieu des ruines
A Le Pecq
11/11/1990
05/04/2008
2019
Vincent Thierry